Le mot #61 : Flirt

par François Cerruti-Torossian | le 1 octobre 2017

« Pour un flirt avec toi, je ferai n’importe quoi, pour un flirt… avec toi… »

Tube vedette du hit-parade de juillet 71, qui a popularisé en France le mot « flirt », ces quelques paroles familières de la variété française, composées par Michel Delpech et Roland Vincent, demeurent dans nos mémoires synonyme de légèreté, d’insouciance et de douceur, reflet d’un art de vivre, sorte d’art courtois des temps modernes.

A priori originaire d’Angleterre, le « flirt » aura en fait beaucoup voyagé entre les deux rives de la Manche. En effet, le « flirt », aujourd’hui terme anglais, tire ses origines de l’ancien français « fleureter », d’où la prononciation de « flirt » en anglais d’ailleurs.

C’est donc l’expression française « conter fleurette » (et en particulier le verbe « fleureter ») qui ont donné naissance au… « flirt » !

Jeune homme contant fleurette à une jeune fille

Jeune homme contant fleurette à une jeune fille

Par « conter fleurette », on entend « séduire une damoiselle », lui raconter des histoires charmantes, bref… « fleureter » avec elle. C’est un souvenir des traditions médiévales de l’amour courtois, où la prairie fleurie donnait souvent lieu à la séduction, comme nous le décrit le Perceval de Chrétien de Troyes, roman magnifique qu’il faut lire et que l’on pourrait imaginer écrit sur un de ces billets doux, justement autrefois teintés de « florettes ». Ainsi, dans ce roman, la maîtresse du château de Beaurepaire n’est autre que… Blanchefleur.

Oui, comme tant d’autres mots français passés en anglais au Moyen-Âge, le « flirt » nous invite à revenir un peu sur nos pas, en Normandie…

C’est Guillaume Duc de Normandie qui devint Guillaume le Conquérant, Roi d’Angleterre, grâce à sa victoire lors de la décisive bataille d’Hastings en 1066, merveilleusement dépeinte par l’exceptionnelle Tapisserie de Bayeux qui vous la racontera mille fois mieux que moi. Avec Guillaume, pendant près de 400 ans, le français devient la langue officielle de la Cour d’Angleterre, diffusant ainsi la culture française pour longtemps sur cette belle île voisine.

Tapisserie de Bayeux - Scène 23 : Harold prête serment à Guillaume

Tapisserie de Bayeux – Scène 23 : Harold prête serment à Guillaume

Alors, fleuretons un peu avec l’épitaphe de la tombe de Guillaume le Conquérant qu’il faut aller admirer à Caen, au cœur de l’Abbaye aux Hommes dont la porte mitoyenne avec la Mairie est ouverte exceptionnellement lors des visites de la Reine Elisabeth II d’Angleterre, passant ainsi elle-même du profane au sacré pour se recueillir sur la sépulture de son ancêtre, fondateur de la monarchie britannique :

Tombe de Guillaume le Conquérant

Tombe de Guillaume le Conquérant

Que l’on traduira par :

Ci-Gît

Invincible parmi les Invincibles

GUILLAUME

le Conquérant

Duc de Normandie

et Roi d’Angleterre

FONDATEUR

de cette Maison-ci

Qui s’en alla en l’an

1087

Jeunes gens fleuretants

Jeunes gens fleuretants

 

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