Joseph Levitch, dit Jerry Lewis est mort dimanche à Las Vegas à l’âge de 91 ans.
Je ne sais pas si son nom dit quelque chose à nos amis Millennials, mais pour les lecteurs de ma génération (X) et des générations antérieures, Jerry Lewis était un des humoristes et acteurs américains les plus connus.
Né Joseph Levitch le 16 mars 1926 dans le New Jersey dans une famille d’immigrants juifs de Russie, il s’était fait connaître par le biais du duo comique qu’il formait avec Dean Martin.
Pourquoi ce changement de nom ? En fait, il a tout simplement repris le nom de scène de son père Daniel Levitch, Danny Lewis. Et transformé Joseph en Jerry, Jerry Lewis étant pour lui un nom plus “show business” que Joseph Levitch.
Tout petit déjà devant mon écran de télévision à trois chaînes, les grimaces à répétition de ce comique à l’énergie et inspiration débordante me faisaient mourir de rire.
Notamment “Docteur Jerry et Mister love” (titre original “The Nutty Professor“) dans lequel Jerry Lewis campait un timide professeur de chimie, au physique peu avantageux qui invente un élixir qui le transforme en homme séduisant.
Collégien potache, un de mes films comiques cultes à été pendant longtemps “Par ou t’es rentré, on t’as pas vu sortir“, (Titre original “How Did You Get In ? We Didn’t See You Leave” )
Dans ce film comique sûrement passé aux oubliettes pour la plupart de mes anciens camarades de classe, Jerry Lewis partage la vedette avec Philipe Clair, Marthe Villalonga et Jackie Sardou.
Mais pour moi, tout le talent d’acteur de Jerry Lewis s’est révélé lors de ses rôles non-comiques à la fin des années 80 et dans les années 90.
Tout d’abord comme magnat de l’industrie du vêtement dans “Un Flic Dans La Mafia ” (Titre original “Wiseguy“. Cette série télévisée américaine de 70 épisodes fut diffusée dés 1988 et que je regardais assidûment avec mon père sur TF1 tous les dimanches après-midi quand j’étais lycéen. Wiseguy racontait l’ infiltration dans la mafia d’un officier de police.
Jerry Lewis y jouait le personnage d’Eli Sternberg, un magnat de l’industrie du vêtement dont le business était menacé par un mafieux joué par un Stanley Stucci jeune et impitoyable !Son jeu d’acteur était tellement dramatique qu’il faisait totalement oublier son passé de comique. Mon père qui avait suivi sa carrière de comique depuis les années 50, le trouvait totalement méconnaissable et génial dans ce rôle sérieux et dramatique d’homme d’affaires sans pitié.
À noter pour nos amis Millenials fans de la série Breaking Bad ou House of Cards, c’est dans Wiseguy qu’a commencé la longue et talentueuse carrière d’acteur de Johnatan Banks alias Mike Ehrmantraut !
Mais aussi celle de Kevin Spacey alias Frank Underwood !
Ensuite Lorsque j’étais étudiant en fac de droit, j’ai découvert Arizona Dream, film enivrant, hallucinant, délirant d’Emir Kusturica qui avait le génie de mélanger l’ancienne génération (Faye Dunaway, Jerry Lewis) et la nouvelle génération (Johnny Depp, Lilli Taylor et le superbe et déjà inspiré Vincent Gallo).
Ce film qui a reçu l’ours d’argent du festival de Berlin en 1993 raconte l’histoire d’Axel Blackmar (Johhny Dep), un jeune homme installé à New York après la mort de ses parents. Il y mène une vie tranquille, recensant les poissons pour le compte du département de la pêche et de la chasse. Mais son oncle Léo (Jerry Lewis), vendeur de voitures en Arizona sur le point de se remarier, le rappelle pour lui servir de témoin et, espère-t-il, de repreneur de son business. Sur place, Axel va se retrouver balloté entre ses propres rêves, ceux de deux femmes, et ceux de son oncle.
Jerry Lewis y joue donc l’oncle de Jonnhy Depp, en changeant encore une fois de registre dans un rôle essentiellement dramatique, sérieux et profond. Ma scène préférée de ce film est celle du déjeuner galant entre Depp, Taylor, Gallo et Dunaway qui tourne à la dispute générale, le tout avec pour superbe bande son Minor Swing, la géniale composition de Django Reinhardt !
Je vous invite à voir la magnifique bande annonce de ce film :
En apprenant la nouvelle que Jerry Lewis est mort hier matin, c’est avant tout à ses 2 rôles dramatiques que j’ai pensé.
Ce comique de talent a su montrer qu’il était avant tout un très bon acteur dramatique et pas seulement un pitre faisant rire avec ses grimaces, comme en France Coluche et Michel Blanc l’ont fait.
Simone Veil, Jeanne Moreau, Sam Sheppard, Martin Landau, Claude Rich, Roger Moore, Jean Marc Thibault, Victor Lanoux, John Hurt, toutes ces personnalités sont aussi décédées cette année.
En fait, plus qu’une date sur notre carte d’identité, c’est peut-être la disparition des personnalités ayant fait partie du monde de notre enfance et de notre adolescence qui nous rend adulte et fait prendre conscience du fait que nous avons vieilli.
Je suis de la Génération X, mais je ne sens pas mes 47 années. Sauf depuis que toutes ces personnalités disparaissent…
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